NE “PROMPTONS” PAS COMME DES ROBOTS

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Pourquoi je refuse de “prompter” comme un robot (ou comme un idiot)

Ou comment la créativité humaine peut encore sauver l’IA de la médiocrité…

L’illusion du “prompt magique”

Il fallait bien que ça arrive.
Après vingt ans de web, trente d’informatique, et une vie entière à bricoler, coder, créer, optimiser, me voilà entouré d’une nouvelle génération d’utilisateurs persuadés qu’un « prompt magique » de vingt mots suffit à produire un chef-d’œuvre.
Un tableau digne d’un musée, un film Hollywoodien, un roman de 400 pages, un site web complet, une introspection psychologique, tout ça, d’un claquement de doigts.

Il y a quelque chose d’à la fois fascinant et désespérant dans cette croyance.

C’est un peu comme regarder quelqu’un essayer d’ouvrir une bouteille de vin avec un tournevis.
Ça peut marcher… techniquement.
Mais on sent bien que quelque chose cloche dans la méthode.

L’IA n’est pas un distributeur de miracles.
C’est un outil d’une puissance incroyable, mais qui reste profondément dépendant de la façon dont on l’utilise.

Et si certains veulent se convaincre qu’un prompt trouvé sur TikTok va leur donner la créativité d’un réalisateur, d'un artiste, d’un designer ou d’un rédacteur… libre à eux.
Moi, je refuse.

Je refuse de “prompter comme un robot”.
Parce que c’est la meilleure façon d’obtenir un résultat robotique.
Et je refuse aussi de “prompter comme un idiot”.
Parce que la bêtise, même assistée par l’IA, reste de la bêtise.

Prompter, ce n’est pas écrire : c’est penser

Il faut être honnête : les IA ont ouvert un champ immense, vertigineux de possibilités.
Elles ont désinhibé la création, débloqué des barrières, offert de nouvelles possibilités.

Mais très vite, on a vu émerger une approche étrange :
l’idée qu’il faut utiliser des prompts standardisés, prédéfinis, presque dogmatiques.

Des gens en quête de procédures cadrés cherchent des “formules”, comme si on parlait de recettes de cuisine.

Sauf qu’un prompt n’est pas une recette. Un prompt est une intention.
Un prompt qui fonctionne, c’est un prompt :

  • qui sait ce qu’il veut dire
  • qui donne du contexte
  • qui donne un ton
  • qui exprime une vision
  • qui anticipe la logique de l’IA
  • qui pose un cadre
  • qui laisse une marge créative

C’est une conversation.
C’est une collaboration.
Ce n’est pas une instruction militaire.

"Machine, donne moi les meilleures pinces à épiler du marcher."
L'instruction est vide et la réponse le sera tout autant.

Quand j’écris un prompt, je ne dicte pas : je guide et j'échanche :

  • Je construis une ambiance.
  • Je dessine une scène mentale.
  • Je montre une direction.

C’est la différence entre dire :
Fais-moi une image d’un chat
et
Un chaton anime semi-réaliste, assis dans une petite décapotable pastel, roulant doucement dans un monde surréaliste où la lumière est trop parfaite pour être réelle.

La nuance ?
Dans la seconde version, j’offre un univers.
Je donne une intention visuelle, une vibration.

Et l’IA comprend ça mille fois mieux qu’un ordre froid.

Les prompts “fast-food” mènent à la médiocrité.

Soyons franc : la majorité des prompts que je vois passer sont pauvres, creux et vides.

Des prompts faits à la va-vite, copiés-collés, réchauffés.
Des prompts qui ne reflètent rien, qui ne disent rien.

Ceux-là produisent presque toujours :

  • des images sans âme
  • des vidéos approximatives
  • des textes fades
  • des designs génériques
  • Du code inéficace

Parce que si on donne du vide à l’IA, elle te renvoie du vide. C’est logique et mécanique.

Et le plus ironique, c’est que beaucoup s’étonnent : “Mais pourquoi ça ne marche pas comme dans la pub ?

Parce que créer, même avec l’IA, demande une vision, une pensée, une émotion et une intention.

Les prompts fast-food, c’est l’équivalent numérique du surgelé Picard : ça dépanne, mais ça ne remplace pas une vraie cuisine.

L’approche Weblandes : penser d’abord, prompter ensuite

Quand je travaille avec l’IA, que ce soit pour un film, une image, un texte ou même un script technique, je ne “balance” jamais un prompt au hasard.
Je fais exactement ce que je fais depuis vingt ans dans le web :
je structure.

Je me pose d’abord les vraies questions :

  • Qu’est-ce que je veux transmettre ?
  • Quelle ambiance ?
  • Quel rythme ?
  • Quelle esthétique ?
  • Quel ressenti final ?

Et ensuite seulement, je traduis cette intention dans un prompt ou plusieurs prompts en chaine.

Exemple : un mini-film “Constat”

Prenons un exemple récent : 
un petit film que j’ai réalisé avec mon assistant IA, Eko.
Une minute, ambiance Black Mirror, contemplative, dure et poétique.

Ce film n’aurait jamais existé si j’avais “prompter comme un robot”.
Ou comme un idiot.

Chaque plan a demandé :

  • une intention visuelle
  • une ambiance sonore
  • une lumière spécifique
  • une caméra cohérente
  • une émotion précise
  • une transition pensée

Et surtout :
des prompts narratifs, descriptifs, sensibles.

Pour faire dix secondes d’images IA correctes, j’ai dû écrire plus de trente prompts différents, tester, ajuster, réécrire, polir.

Ce n’était pas mécanique : c’était une conversation, un scénario, une exploration.

Ce n’était pas “une commande avec des mots-clés”. C’était une vision traduite en langage IA.

Et c’est ça, la différence majeure entre une création qui fonctionne et un bricolage IA sans âme.

Prompter n’est pas ordonner : c’est collaborer

Un bon prompt n’est pas un ordre brut, c’est avant tout une forme de direction. Cette direction peut être artistique, informative, contextuelle ou encore technique.

L’IA ne lit pas dans nos pensées, elle lit ce qu’on lui donne, et uniquement ça.

Elle ne devine pas la nuance.
Elle ne sait pas que tu veux quelque chose de “beau”.
Elle ne sait pas ce que signifie “moderne”.
Elle ne sait pas ce que tu entends par “propre”.

Elle a besoin d’un narrateur, d’un guide, d’un peintre mental.

Quand je prompt une IA, je fais exactement ce que je fais quand je travaille avec un photographe, un graphiste ou un développeur :

  • je pose une intention claire
  • j’explique l’ambiance
  • je mets des mots sur des images mentales
  • je laisse une porte ouverte à l’interprétation
  •  j’ajuste au retour

C’est un travail créatif et collaboratif, pas mécanique.

Pourquoi je refuse de “prompter comme un robot” ?

Parce que les robots…répondent trop bien aux robots.

Si tu prompts comme une machine, tu obtiens un résultat mécanique.
Si tu prompts comme un humain, tu obtiens un résultat vivant.

C’est pour ça que je continue à :

  • décrire des lumières
  • imaginer des mouvements de caméra
  • transmettre des sensations
  • raconter des images
  • évoquer des émotions

Pour des textes ou des séquences de code, le principe reste le même.

Je refuse de réduire la création à une liste d’ordres.

Créer, c’est donner un sens et prompter, c’est le traduire.

Pourquoi je refuse de “prompter comme un idiot” ?

Parce que l’IA amplifie ce qu’on lui donne.
Mets-y une idée idiote, tu obtiendras une idée idiote… en 4K.

Certains confondent rapidité et précipitation. Ils pensent que “moins de mots = plus de magie”.
C’est totalement faux.

Un bon prompt n’est pas forcément long. Mais il est clair.
Un bon prompt n’est pas forcément technique. Mais il est précis.

L’idiotie dans les prompts, ce n’est pas la simplicité. C’est l’absence de pensée.

Quand prompter, s'approche de la littérature.

C’est peut-être ça, la conclusion la plus inattendue de cette nouvelle ère : les prompts sont une nouvelle forme d’écriture.

Pas au sens “roman”.
Au sens “poétique”.

Un bon prompt, c’est une phrase dans laquelle chaque mot compte.
C’est une scène décrite dans le bon ordre.
C’est une ambiance posée avec soin.
C’est une vision condensée en quelques lignes.

Cela demande la maitrise de sa langue, savoir s'exprimer, savoir que demander et comment le demander.

Les prompts sont peut-être les haïkus du XXIe siècle.

L’IA est le miroir, pas le cerveau.

Pour l'instant, l’IA n’invente rien. Elle révèle ce que tu lui donnes.

L’humain reste indispensable !

Même en 2025, avec les modèles les plus avancés, même avec la vidéo IA photoréaliste et avec la génération 3D.  Ce qui fait la différence, ce n’est pas la technologie. C’est ce qu’on met dedans.
C’est la pensée. L’intention. La sensibilité. La vision.

Si tu prompts comme un robot, elle sera robotique.
Si tu prompts comme un idiot, elle sera idiote.
Si tu prompts comme un humain qui pense, ressent, imagine, alors elle le reflétera intelligemment.

Prompter, ce n’est pas manipuler.
Ce n’est pas exiger.
Ce n’est pas ordonner.

Prompter, c’est un acte de création. Un dialogue.
C’est la rencontre entre une intention humaine et une machine qui sait écouter. Et tant qu’on gardera cette nuance-là, l’IA restera un outil de beauté, pas un générateur de vide.

À bon prompteur...

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